Linguistique amazighe

Comment faire une fiche de lecture ?

La fiche de lecture (Compte-rendu de lecture ou résumé d’une œuvre)

Buts recherchés

Méthode

Procédés pratiques

Exemple

 

A)- Buts recherchés

Quelle que soit la longueur de l’œuvre proposée à l’analyse, il s’agit d’en rendre compte en deux pages environ. Il faut donc donner avec précision les éléments caractéristiques de l’ouvrage à l’exclusion de tout aspect secondaire. L’erreur principale à éviter serait de ne s’intéresser qu’à l’intrigue, ou à "l’histoire" ; bien sûr le compte-rendu devra s’attacher au caractère, à la psychologie des personnages, à la portée symbolique de certains thèmes, au genre auquel  appartient l’ouvrage (roman, comédie, tragédie, documentaire, etc.), à la doctrine ou courant littéraire qu’il représente  : classicisme, romantisme, populisme… Ce résumé doit renseigner le lecteur de façon précise sur le contenu de l’œuvre choisie, sur ses aspects essentiels.

 

B)- Méthode :

On peut en distinguer deux :

La plus facile consiste à respecter la structure de l’œuvre choisie, à suivre le déroulement du récit. Il convient ici de rappeler qu’une « histoire », une intrigue au théâtre tout particulièrement passe par des étapes obligées qui ont pour nom  exposition (présentation des protagonistes, des liens qui les unissent, des raisons qui les opposent), nœud (événements qui vont précipiter l’action), péripéties (déroulement de cette action qui en général s`accélère jusqu’à un paroxysme) et dénouement (nouvel équilibre qui résulte d’une fin heureuse ou malheureuse).

La plus difficile mais souvent la meilleure consiste à s’affranchir de la structure du récit, pour caractériser son contenu, en classant les éléments qui le constituent par ordre d’importance sans nécessairement respecter leur enchaînement chronologique. 

De toute façon, il convient dans tous les cas de fournir une réponse à ces axes de recherche :

 

Situation de l’œuvre :

1/ dans la production et la vie de l’auteur ;

 

2/dans le contexte historique et culturel de l’époque.

Détermination du genre.

Détermination du sujet : ce que raconte l’œuvre, du thème : les problèmes abordés par cette œuvre.

Découpage de l’œuvre, progression de l’action.

Analyse des personnages, de leur caractère, de leurs relations.

Étude du décor (part observée, imaginée, correspondances avec les problèmes abordés, avec les sentiments qui agitent les personnages).

Étude du style, des manies de l’auteur.

Étude de la portée philosophique et morale de l’ouvrage.

Étude éventuelle des sources et de la descendance de l’œuvre,  la comparaison avec des textes qui ont traité le même sujet aide souvent à mieux comprendre les intentions de l’auteur.

 

C)- Procédés pratiques

Présenter d’abord l’œuvre en général : qui est son auteur ? à quelle époque a-t-elle été écrite ? fait-elle partie d’un cycle, d’un ensemble plus vaste ?

Citer les particularités éventuelles liées à sa conception ou sa rédaction.

Présenter ensuite les personnages principaux en tenant compte de leur rôle dans le récit, de leurs caractéristiques psychologiques, morales, physiques ou sociales essentielles sans toutefois les analyser.

Le récit se déroulant dans le temps et l’espace, il conviendra de situer avec précision le cadre spatio-temporel et de montrer l’évolution des situations.

Pour faire sentir dans quel contexte particulier se déroule l’histoire (ce qu’on pourrait appeler à la suite de Maurois le « climat » du livre) on peut recourir à la citation courte sans abuser car le compte-rendu est un travail personnel qui sous-entend une expérience du texte propre à chaque individu et autour de laquelle doit s’organiser l’analyse.

On peut aussi rechercher à partir des thèmes abordés dans l’œuvre ou des caractéristiques de l’histoire d’autres œuvres littéraires, cinématographiques… en examinant ressemblances et différences.

On peut relever quelques citations marquantes.

Cet exercice demande la concision, il faudra donc abandonner les digressions du récit, les épisodes secondaires, les personnages accessoires.

Il faudra utiliser des phrases simples, des termes précis, éviter les énumérations de termes semblables qui permettent d’exprimer les nuances.

Enfin il peut être nécessaire de privilégier certains détails qui ont une grande valeur symbolique, très révélatrice des intentions avouées ou cachées de l’auteur.

 

Exemple avec Vol de nuit de Saint-Exupéry

Situation de l’œuvre

Dans la production et la vie de l’auteur : Antoine de Saint-Exupéry, (1900-1944), aviateur et écrivain français, auquel on doit une œuvre à la morale héroïque et idéaliste, fruit de son expérience de l’aviation (Vol de nuit, 1931 ; Le Petit Prince, 1943).

Dans le contexte historique et culturel de l’époque. Antoine de Saint-Exupéry est d’abord étudiant aux Beaux-Arts. Il passe son brevet de pilote et entre dans l’armée de l’air quelques années plus tard, en 1921. Il devient pilote de ligne en 1926 et, à ce titre, effectue les premiers vols longs-courriers de l’histoire de l’aviation, vers l’Afrique du Nord et l’Amérique du Sud. S’inspirant des dangers et des plaisirs de son métier d’aviateur, il publie la même année, parrainé par Jean Prévost, une nouvelle, « l’Aviateur ». Il est muté à Dakar en 1927 et devient chef de l’aéroplace de Juby au Sahara. Saint-Ex, comme on le surnomme, y découvre l’isolement méditatif, le sens de la camaraderie et du devoir qui nourriront toute son œuvre. Sa vie s’inscrit dans le développement technique et commercial de l’aviation civile.

Détermination du genre : roman court.

Détermination du sujet : ce que raconte l’œuvre, du thème : les problèmes abordés par cette œuvre.

Ce livre, récit des expériences réellement vécues par l’auteur alors qu’il était responsable de la ligne Aeroposta Argentina, est un éloge de la discipline et du devoir, il est surtout une évocation poétique du plaisir de voler, métaphore exupérienne de l’ascèse vers laquelle tout être doit tendre pour s’accomplir.

Notions clés : sens du devoir, amitié, dépassement de soi, conflits entre devoir et attachements affectifs, etc.

Découpage de l’œuvre, progression de l’action.

Analyse des personnages, de leur caractère, de leurs relations. Rivière, Fabien, son épouse, etc.

Étude du décor (part observée, imaginée, correspondances avec les problèmes abordés, avec les sentiments qui agitent les personnages).

La terre vue du ciel : évocation poétique du plaisir de voler, les temples incas, les lumières de la ville, l’orage, etc.

Étude du style, des manies de l’auteur.

Étude de la portée philosophique et morale de l’ouvrage.

Un texte sur l’univers exigeant du métier de pilote, qui impose aux êtres de repousser, au prix de leur vie, les limites de la liberté. Idéalisme qui s’oppose au matérialisme ambiant de l’époque. Nouvelle figure du héros, effacé, discret.

« Le héros de Vol de nuit, non déshumanisé, certes, s’élève à une vertu surhumaine. Je crois que ce qui me plaît surtout dans ce récit frémissant, c’est sa noblesse. Les faiblesses, les abandons, les déchéances de l’homme, nous les connaissons de reste et la littérature de nos jours n’est que trop habile à les dénoncer ; mais ce surpassement de soi qu’obtient la volonté tendue, c’est là ce que nous avons surtout besoin qu’on nous montre. Plus étonnante encore que la figure de l’aviateur, m’apparaît celle de Rivière, son chef. Celui-ci n’agit pas lui-même : il fait agir, insuffle à ses pilotes sa vertu, exige d’eux le maximum et les contraint à la prouesse. Son implacable décision ne tolère pas la faiblesse et, par lui, la moindre défaillance est punie. Sa sévérité peut, au premier abord, paraître inhumaine, excessive. Mais c’est aux imperfections qu’elle s’applique, non point à l’homme même, que Rivière prétend forger. On sent, à travers cette peinture, toute l’admiration de l’auteur. Je lui sais gré particulièrement d’éclairer cette vérité paradoxale, pour moi d’une importance psychologique considérable : que le bonheur de l’homme n’est pas dans la liberté, mais dans l’acceptation d’un devoir.

Chacun des personnages de ce livre est ardemment, totalement dévoué à ce qu’il doit faire, à cette tâche périlleuse dans le seul accomplissement de laquelle il trouvera le repos du bonheur. »

André Gide dans la Préface à Vol de Nuit.

Étude éventuelle des sources et de la descendance de l’œuvre,  la comparaison avec des textes qui ont traité le même sujet aide souvent à mieux comprendre les intentions de l’auteur.

Œuvres littéraires :

La Voie royale, La Condition humaine de Malraux pour ce qui concerne le héros moderne, l’aventurier.

Le voyage du centurion d’Ernest Psichari pour ce qui concerne la méditation dans la solitude.

La « tempête sous un crâne » dans Les Misérables de Victor Hugo quant au conflit intérieur entre des valeurs morales.

 

Ce document a été rédigé par Jean-Luc pour :
etudes-litteraires.com/fiche-de-lecture.


28/04/2020
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2ème rencontre de Bejaia sur la terminologie : Mass médias (avril 2020)

Asemmas n Tegmi deg Tutlayt d Yidles Amazighes - Bgayet

Centre de Recherche en Langue et Culture Amazighes – Bejaia

2ème rencontre de Bejaia sur la terminologie : Mass médias

 

Argumentaire

 

Le kabyle a, très tôt, été confronté aux mass médias par l’intermédiaire de la radio chaine 2 notamment, dont la création remonte à la période coloniale. Quant à la presse écrite, elle consistait en des revues associatives, baignant le plus souvent dans la clandestinité la plus totale et s’éteignant après quelques numéros. Elle était surtout le fait de militants engagés pour la langue et l’identité amazighes.

Nonobstant ces quelques expériences éphémères, l’écriture journalistique en langue amazighe remonte à la fin des années 80. Les premiers journaux algériens rédigés en tamazight n’ont pas pu, non plus faire long feu. Quelques numéros, essentiellement soutenus par l’esprit militant que par l’information véhiculée. L’un des problèmes majeurs rencontrés était la langue de rédaction.

En effet, la plupart ne pouvaient être accessibles aux locuteurs amazighophones. Il fallait toujours recourir à une gymnastique mentale de reformulation en langue française pour espérer comprendre leur contenu. L’une des raisons de cette situation était le manque du matériau terminologique spécialisé, au côté du grand problème qui était le manque de formation dans cette langue. Aujourd’hui encore, ce manque en terminologie est toujours ressenti par les spécialistes du domaine.

A la suite de la première rencontre consacrée à la terminologie dans le domaine de l’anthropologie, le Centre de Recherche en Langue et Culture Amazighes organise, dans le cadre de sa deuxième rencontre, un colloque national sur la thématique de la terminologie amazighe dans le domaine des mass médias.

Axes :

1. Terminologie amazighe dans le domaine des mass médias : état des lieux ;

2.  Besoins en terminologie amazighe pour une bonne rédaction journalistique (listes et définitions) ;

3. Expériences des écritures journalistiques en tamazight. Comment est contourné l’écueil terminologique ? ;

4. Création de la terminologie journalistique en tamazight : méthodes, proposition…

Etc.

Cette liste des axes thématiques n’est pas limitative mais simplement indicative.

 

Dates importantes

05/04/2020 : dernier délai de réception des propositions de communications

08/04/2020 : réponse aux auteurs

18-20/04/2020 : tenue du colloque

Pour nous contacter

Courriel : colloquebejaia.2020@gmail.com

Téléphone : 034 81 68 57

Fax : 034 81 68 66

 

 

Conseil scientifique

Dr Tidjet Mustapha, CRLCA, Président

Dr Ben Si Said Samir, CRLCA

Pr Yermeche Ouerdia, ENS, Alger

Pr Dourari Abderrezak, CNPLET, Alger

Pr Imarazen Moussa, U. de Tizi-Ouzou

Pr Salhi Md Akli, U. de Tizi-Ouzou

Pr Tigziri Nora, U. Tizi-Ouzou

Pr Bouamara Kamal,  U. Bejaia

Pr Meksem Zahir, U. Bejaia

Dr Chachoua Kamal, IREMAM, Aix en Provence

Pr Yacine Tassadit, EHESS, Paris

 

Comité d’organisation

Yakouben Manaa, CRLCA, Président

Zaidi Ali, CRLCA

Boubetache Amirouche, CRLCA

Kadri Lynda, CRLCA

Taleb Smail, CRLCA

Moussaoui Larbi, CRLCA

Ouchen Loucif, CRLCA

Rehmani Atmane, U. Bejaia

Djelloudi Liza, U. Bouira


13/03/2020
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LES ETUDES ET RECHERCHES EN LANGUE ET CULTURE AMAZIGHES AU DEBUT DU 21ème SIECLE »les 25 et 26 janvier 2020.

A l’occasion du 30ème anniversaire de la création du Département de Langue et Culture Amazighes de l’UMMTO, le DLCA organise un colloque sur :

« LES ETUDES ET RECHERCHES EN LANGUE ET CULTURE AMAZIGHES AU DEBUT DU 21ème  SIECLE » ;

les  25 et 26 janvier 2020.

 

APPEL A COMMUNICATION

.

  1. 1.   ARGUMENTAIRE.

          Crée en janvier 1990, sous la pression du Mouvement Culturel Berbère (MCB), le Département de Langue et Culture Amazighes de l’UMMTO n’a jamais cessé de jouer son rôle  de formateur de plusieurs générations d’enseignants et de chercheurs dans les divers domaines liés au monde amazigh.

          A travers un cursus diversifié allant de la linguistique, la littérature, l’anthropologie, l’histoire… il a pu dispenser une formation adéquate répondant à tous les besoins des chercheurs dans le domaine.

          A l’occasion du 30ème anniversaire de sa création, le DLCA organise un colloque sur le thème :

 

« Les études et recherches en Langue et Culture Amazighes au début du 21ème siècle ».

          Les principaux axes retenus sont :

 

1- Linguistique amazighe (syntaxe, morphologie…

2- Enonciation et pragmatique.

3- Sociolinguistique nord-africaine

4- Littérature amazighe orale et écrite.

5- Anthropologie des sociétés amazighes.

6- Didactique de la langue Tamazight.

 

2. MODALITES DE PARTICIPATION.

 

          La participation est ouverte aux enseignants-chercheurs en tamazight mais aussi des autres départements  des lettres et sciences humaines.

         

ECHEANCIER :

Date limite de réception des propositions de communication : jeudi 26 décembre 2019.

Date de notifications des réponses aux auteurs : jeudi 05 janvier 2020.

Date du colloque : les mardi 25 et mercredi 26 janvier 2020.

Les résumés des communications doivent parvenir aux adresses électroniques suivantes :

 

timlilit2010@yahoo.com

 

ou à :               Faculté des Lettres et des Langues

                        U. M. Mammeri de Tizi-Ouzou.

                        Tél /fax : 026118020

                        Site de l’Université de Tizi-Ouzou: www. ummto

 

DEROULEMENT :

 

          Le colloque se tiendra à :

          L’Auditorium de l’Université M. Mammeri de Tizi-Ouzou (UMMTO).

 

          Les participants dont les communications seraient retenues et ne pouvant pas se déplacer peuvent envoyer les par courrier électronique. Elles seront lues en plénière.

 

ORGANISATION DU COLLOQUE.

 

Président : Pr DAOUDI, Recteur de l’Université M. Mammeri de Tizi-Ouzou.

 

Président du colloque : Pr Moussa IMARAZENE. Doyen de la faculté des Lettres et des Langues. UMMTO

 

Le comité scientifique :

 

Le Président: Dr. Saïd CHEMAKH,

Les Membres :

Pr. Ahmed BOUALILI, UMMTO

Pr BOUAMARA Kamal, Université de Béjaia.

Pr Anna- Maria Di TOLLA, Université de Naples.

Pr Mhemmed DJELLAOUI, Université de Bouira

Pr. Sadek FODHIL, UMMTO.

Pr Mohand Akli HADIBI, UMMTO.

Pr Rabah KAHLOUCHE, UMMTO

Pr. Hassina KHERDOUCI, UMMTO.

Pr Moussa IMARAZENE. UMMTO

Pr Zahir MEKSEM, Université de Béjaia.

Pr Daniela MEROLLA, INALCO, Paris.

Pr Kamal NAIT Zerrad, INALCO, Paris.

Pr Allaoua RABHI Allaoua, Université de Béjaia.

Pr . Mohand-Akli  SALHI, UMMTO.

Pr Mustapha TIDJET, Université de Béjaia.

Dr Koussaila ALIK, UMMTO

Dr. Ramdane ACHOUR, UMMTO.

Dr Nadia BERDOUS, Université de Bouira

Dr Salem DJEMAI, UMMTO.

M. MOUALEK Kaci, UMMTO

 

Le comité d’organisation :

 

Samir HADAD,

Ghania MOUZARINE

Zakia DAID,

Farida HACID,

Hayat NEDJAI

Takfarinas NAIT CHABANE

Mourad HOUACINE

Rachida MOHAMMEDI

Lamia TILMATINE

Cylia AITEL


20/11/2019
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PRAGMATIQUE. Cours n°3 : LES ACTES DE LANGAGE.

 

 

PRAGMATIQUE.  Cours n°3 :

LES ACTES DE LANGAGE.

 

La pragmatique linguistique sʼest développée à partir de la théorie des actes de langage. Cette théorie montre que la fonction du langage n'est pas essentiellement de décrire le monde, mais aussi d'accomplir des actions.

L'initiateur de cette théorie est le philosophe britannique Austin dans son ouvrage : How to do things with words (1962), elle est développée par J.-R.Searle dans deux ouvrages Les Actes de Langage (1972), et Sens et expression, 1982.

Le développement le plus récent de la pragmatique linguistique est la pragmatique cognitive (issue de la théorie de la pertinence de Sperber et Wilson) qui réduit l'importance des actes de langage et qui simplifie la théorie.

 

  1. 1.     Les actes de langage (A. L.) :

 

La théorie des actes de langage s'oppose à la conception descriptive du langage qui veut que :

→ la fonction première du langage est de décrire la réalité : nommer les objets du monde.

→ les énoncés déclaratifs sont toujours vrais ou faux.

 

Austin défend l'idée que :

→ la fonction du langage est aussi d'agir sur la réalité.

→ les énoncés déclaratifs ne sont ni vrais ni faux, mais réussis ou non.

 

Austin distingue donc :

→ les énoncés constatifs qui décrivent le monde : ex. le soleil brille.

→ les énoncés performatifs qui accomplissent une action : je te promets que je viendrai.

 

Les constatifs sont vrais ou faux (le soleil brille ou non), les performatifs sont réussis ou non.

 

Un énoncé performatif est réussi :

→ si l'énoncé s'adresse à quelqu'un.

→ si l'énoncé est compris du récepteur, cʼest-à-dire s'il y a correspondance entre ce qui est dit et ce qui est fait.

Ex. dire « je ne suis pas content » en colère / en riant.

 

NB : Austin travaille sur des énoncés déclaratifs, affrrmatifs, de 1ère pers. Sg, à l'indicatif présent, voix

active, non descriptifs.

 

2. Les types d'actes de langage :

 

À l'examen, Austin constate qu'il est difficile d'opposer strictement constatifs et performatifs.

En effet :

→ un énoncé peut être implicitement performatif : je viendrai demain.

→ un énoncé constatif correspond la plupart du temps à un acte de langage implicite : l'assertion.

Ex. je dis la vérité quand je dis que le soleil brille.

 

Donc pour Austin, l'énonciation est le fruit de trois activités complémentaires :

→ l'acte locutoire (= que dit-il ?) : production d'une suite de sons ayant un sens dans une langue

→ l'acte iIIocutoire (que fait-il ?) : production d'un énoncé auquel est attaché conventionnellement une certaine« force ». (déclarer, promettre, s'engager…).

→ l'acte perlocutoire (pour quoi faire ?) : cet acte sort du cadre linguistique. L'énoncé provoque des effets (perturbations, changements) dans la situation de communication.

Ex. une question peut servir à interrompre, embarrasser, montrer qu'on est là …

 

Remarque 1 : à chaque niveau, l'acte peut être direct ou dérivé.

 

Locutoire : sens littéral→ sens dérivé.

Ex : j'ai mal au coeur = estomac.

 

IIlocutoire : acte primitif → acte dérivé.

Ex. il fait chaud ici = requête pour ouvrir la fenêtre.

Perlocutoire : la dérivation dépend de l'interprétation qu'en fait le destinataire.

 

Remarque 2 : la réussite ou l'échec de l'énoncé.

L'énoncé est réussi si le destinataire reconnaît l'intention conventionnellement associée à son énonciation. Pour ce faire, le destinataire s'aide de marqueurs non ambigus (univoques), de l'intonation et du contexte. À l'inverse, l'émetteur - pour réussir - doit se soumettre aux lois du discours que l'on peut résumer ainsi : « n'importe qui ne peut pas dire n'importe quoi, en n'importe quelles circonstances ».

 

Acte de langage / acte de parole (speech act) : Selon Austin, en énonçant une phrase quelconque, on accomplit trois actes simultanés :

– un acte locutoire (on articule et combine des sons, on évoque et relie syntaxiquement les notions représentées par les mots) ;

– un acte illocutoire (l'énonciation de la phrase transforme les rapports entre les interlocuteurs : j'accomplis l'acte de promettre en disant "je promets…", celui d'interroger en disant "est-ce que…?") ;

– et un acte perlocutoire (l'énonciation vise des effets plus lointains : en interrogeant

quelqu'un, je peux avoir pour but de lui rendre service, de lui faire croire que j'estime son opinion, ou de l'embarrasser, etc.). (Ducrot)

 

 


18/05/2019
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PRAGMATIQUE. Cours n°2 : De l’énoncé à l’énonciation

COURS POUR LES ETUDIANTS EN 3ème Année Licence Linguistique Amazighe (S6).

Module : PRAGMATIQUE.

Cours n°2 : De l’énoncé à l’énonciation

La linguistique de l’énonciation (Cours)
1-Définition :
L’énonciation est l’acte individuel de production, d’utilisation de la langue dans un contexte déterminé, ayant pour résultat l’énoncé.
L’énonciation est un acte de création.
Les deux termes s’opposent comme la fabrication s’oppose à l’objet fabriqué.
2-Historique :
Ce courant s’inscrit dans le prolongement de la grammaire structurale des années 60-70.
Le courant énonciatif approfondit les concepts mis en place dans les années 50 et 60 par le linguiste Emile Benvéniste.
3-Objectif
Ce courant s’efforce de tenir compte de la position de l’énonciateur, du locuteur dans la production d’un énoncé donné. La langue n’est plus considérée comme un objet inerte. Le linguiste a une conception dynamique de la langue qui n’est plus un simple puzzle mais une stratégie, un agencement conscient, réfléchi des diverses pièces de la langue.
« l’énonciation est cette mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation » E. Benvéniste, PLG, II, p80.
Nous avons distingué la phrase, entité linguistique de l’énoncé, ce qui est énoncé à l’écrit ou à l’oral en tenant compte du contexte et du co-texte.
4-Quelle est la différence entre l’énoncé et l’énonciation ?
« Enoncé » est un participe passé devenu substantif : ce qui est énoncé, passé avec valeur résultative. C’est le résultat de l’énonciation.
L’énonciation : le suffixe –ation marque l’action. C’est la prise en compte de l’acte et de la manière d’énoncer mais aussi la situation (temps, lieu..) et celui qui est à son origine : l’énonciateur.
La tâche du linguiste est alors sans limites : pour prendre en compte la situation, il peut étudier le kinésique : mimiques, mouvements, postures, gestes qui accompagnent l’énonciation. Il peut entrer dans des considérations psychologiques, sociales, historiques etc…
En linguistique on se bornera à étudier les marques de l’énonciation : tout ce qui dans le dit (ce qui est produit) dénonce du dire (ce qui est en train d’être signifié, dit).
5-Les embrayeurs et les déictiques :
Il existe dans le discours une série de termes par lesquels un locuteur se définit comme sujet. C’est le cas principalement de nombreuses unités de langue qui ne prennent sens qu’à l’occasion d’un acte particulier d’énonciation et qu’on a appelé embrayeurs :je, ici, maintenant (ego, hic, nunc).
Embrayeur : traduction française de l’anglais « shifter » de N. Ruwet emprunté à Jakobson.
To shift =changer de place.
5-1-Définition :
L’embrayeur met l’accent sur le lieu et l’objet de référence.
Le déictique met l’accent sur la façon de le référent situer dans l’espace.
Les embrayeurs et les déictiques constituent les aspects indiciels du langage.
« Je » et « ici » demandent que le locuteur soit connu
« Maintenant » demande que le temps de l’énoncé soit connu
Dans un énoncé, certains mots peuvent renvoyer à l’acte et aux circonstances d’énonciation :
Je viendrai ici demain
Paul partit là-bas le lendemain.
Dans le premier énoncé : chaque mot renvoie à l’énonciation.
Je = énonciateur
Viendrai + demain = futur par référence au moment où est énoncée cette phrase.
Ici = par référence à l’endroit où se trouve l’ énonciateur (je).
Dans le second énoncé, nous ne possédons aucun renseignement sur l’énonciation.
Ces mots font le lien entre l’énoncé et l’énonciation et n’ont de sens qu’en rapport avec les circonstances de l’énonciation.
Embrayer signifie couramment établir la communication entre les mots
Les embrayeurs peuvent être classés en 3 types ou repères :
-le repère subjectif
-le repère spatial
-le repère temporel
a) Les embrayeurs subjectifs :
a-1) Les pronoms personnels
a-2) Les pronoms possessifs
Il, elle, ils, elles sont représentants et anaphoriques.
Je, tu, nous, vous ne sont pas anaphoriques et ne sont pas commutables avec un nom (je viens n’est pas commutable avec *Paul vient) et entrent dans le cadre de l’énonciation.
b) Les embrayeurs temporels :
Il existe deux types d’embrayeurs temporels :
-certains temps verbaux
-certains adverbes ou groupes nominaux adverbiaux
b-1)-Les temps verbaux :
Le temps par excellence de l’énonciation est le présent.
Mais le temps de l’énonciation et le temps linguistique ne coïncident pas toujours :
Je suis absente cet après-midi
Temps de l’énonciation : quelques secondes
Temps linguistique : 4 ou 5 heures.
Seuls les verbes qui expriment l’acte au moment où celui-ci a lieu font coïncider temps de l’énonciation et temps linguistique : ce sont les verbes performatifs
Je te baptise
Je déclare la séance ouverte
Je vous nomme chevalier de la légion d’honneur
Les temps qui ont pour référence le moment de l’énonciation sont :
-le passé composé (marqueur d’antériorité)
-le présent
-le futur simple du présent (marqueur de postériorité)
b-2) Les circonstants temporels :
Hier, aujourd’hui, demain, maintenant qui ont pour repère le moment de l’énonciation. Contrairement à : ce jour-là, le lendemain, la semaine suivante…, qui ont pour repère le moment de l’énoncé.
Exemples :
Il se réveilla tard. La veille il avait fait la fête.
(« avait fait » et « la veille » marquent l’antériorité par rapport au passé simple : se réveilla, moment de l’énoncé)
Il est malade aujourd’hui. Hier, il a mangé des huîtres.
(hier et a mangé marquent l’antériorité par rapport à aujourd’hui, moment de l’énonciation).
c) Les embrayeurs spatiaux :
Les déictiques :
Certains linguistes utilisent le terme de déictique au lieu d’embrayeur. Le mot grec (deiktikos) signifie démonstratif et vient du substantif deixis, l’acte de montrer.
Toutefois il semble plus judicieux de garder l’appellation déictique pour les embrayeurs qui peuvent s’accompagner, de la part du locuteur, d’un geste de monstration. C’est le cas des démonstratifs.
c-1) Les démonstratifs et adverbes de lieu :
Viens ici.
L’adverbe de lieu renvoie au lieu où je me trouve en tant que locuteur. Je peux aussi joindre le geste à la parole.
Donne-moi ça.
Le pronom démonstratif –ça- désigne un objet se trouvant dans le lieu où se situe l’échange. Le geste peut aussi accompagner la parole.
Je peux dire : Donne-moi ça et ça et ça aussi.
Je ne peux pas dire : viens ici et ici et ici.
D’où le terme de déictique qui est le mieux approprié.
d) Les adverbes d’énonciation :
Ces adverbes sont incidents non à l’énoncé mais à l’énonciation.
Fonctionnement et rôle :
1-Il est gravement malade
2-Il marche lentement
3-Je suis très vivement intéressé.
4-Il est probablement chez sa cousine
5-Heureusement, il est arrivé à temps = si je parle franchement.
Dans les trois premiers énoncés, l’adverbe porte sur un élément dont il modifie le sens.
Dans l’énoncé 4, l’adverbe porte sur l’ensemble de l’énoncé.
Enoncé 5 : l’adverbe porte sur l’énonciation.
Lorsqu’on parle, on utilise fréquemment des adverbes d’énonciation ou des infinitifs prépositionnels qui ont la même valeur :
Honnêtement, sincèrement, vraiment, pour parler net,
Pour être franc,…
Ces adverbes représentent souvent le démarrage d’un raisonnement :
Si je dois être franc, honnête, dire la vérité…
Puisque tu me demandes d’être franc…
La position de l’adverbe a une incidence sémantique sur l’énoncé
Parmi les modalisateurs d’énoncé on peut ranger :
Sans doute, certainement, sûrement, selon moi, d’ailleurs…
Toutes les modalités de phrase sont porteuses de modalisations :
-la phrase interrogative
-la phrase injonctive
-la phrase exclamative
-la phrase déclarative
Ces opérations aident à comprendre qu’un énoncé ne peut être compris de façon isolée mais saisi au sein de tout un ensemble d’énoncés possibles qu’on peut retrouver par paraphrase et à l’intérieur desquels un choix d’énoncés est fait, et que commande la situation d’énonciation.
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18/05/2019
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