Linguistique amazighe

PRAGMATIQUE. Cours n°3 : LES ACTES DE LANGAGE.

 

 

PRAGMATIQUE.  Cours n°3 :

LES ACTES DE LANGAGE.

 

La pragmatique linguistique sʼest développée à partir de la théorie des actes de langage. Cette théorie montre que la fonction du langage n'est pas essentiellement de décrire le monde, mais aussi d'accomplir des actions.

L'initiateur de cette théorie est le philosophe britannique Austin dans son ouvrage : How to do things with words (1962), elle est développée par J.-R.Searle dans deux ouvrages Les Actes de Langage (1972), et Sens et expression, 1982.

Le développement le plus récent de la pragmatique linguistique est la pragmatique cognitive (issue de la théorie de la pertinence de Sperber et Wilson) qui réduit l'importance des actes de langage et qui simplifie la théorie.

 

  1. 1.     Les actes de langage (A. L.) :

 

La théorie des actes de langage s'oppose à la conception descriptive du langage qui veut que :

→ la fonction première du langage est de décrire la réalité : nommer les objets du monde.

→ les énoncés déclaratifs sont toujours vrais ou faux.

 

Austin défend l'idée que :

→ la fonction du langage est aussi d'agir sur la réalité.

→ les énoncés déclaratifs ne sont ni vrais ni faux, mais réussis ou non.

 

Austin distingue donc :

→ les énoncés constatifs qui décrivent le monde : ex. le soleil brille.

→ les énoncés performatifs qui accomplissent une action : je te promets que je viendrai.

 

Les constatifs sont vrais ou faux (le soleil brille ou non), les performatifs sont réussis ou non.

 

Un énoncé performatif est réussi :

→ si l'énoncé s'adresse à quelqu'un.

→ si l'énoncé est compris du récepteur, cʼest-à-dire s'il y a correspondance entre ce qui est dit et ce qui est fait.

Ex. dire « je ne suis pas content » en colère / en riant.

 

NB : Austin travaille sur des énoncés déclaratifs, affrrmatifs, de 1ère pers. Sg, à l'indicatif présent, voix

active, non descriptifs.

 

2. Les types d'actes de langage :

 

À l'examen, Austin constate qu'il est difficile d'opposer strictement constatifs et performatifs.

En effet :

→ un énoncé peut être implicitement performatif : je viendrai demain.

→ un énoncé constatif correspond la plupart du temps à un acte de langage implicite : l'assertion.

Ex. je dis la vérité quand je dis que le soleil brille.

 

Donc pour Austin, l'énonciation est le fruit de trois activités complémentaires :

→ l'acte locutoire (= que dit-il ?) : production d'une suite de sons ayant un sens dans une langue

→ l'acte iIIocutoire (que fait-il ?) : production d'un énoncé auquel est attaché conventionnellement une certaine« force ». (déclarer, promettre, s'engager…).

→ l'acte perlocutoire (pour quoi faire ?) : cet acte sort du cadre linguistique. L'énoncé provoque des effets (perturbations, changements) dans la situation de communication.

Ex. une question peut servir à interrompre, embarrasser, montrer qu'on est là …

 

Remarque 1 : à chaque niveau, l'acte peut être direct ou dérivé.

 

Locutoire : sens littéral→ sens dérivé.

Ex : j'ai mal au coeur = estomac.

 

IIlocutoire : acte primitif → acte dérivé.

Ex. il fait chaud ici = requête pour ouvrir la fenêtre.

Perlocutoire : la dérivation dépend de l'interprétation qu'en fait le destinataire.

 

Remarque 2 : la réussite ou l'échec de l'énoncé.

L'énoncé est réussi si le destinataire reconnaît l'intention conventionnellement associée à son énonciation. Pour ce faire, le destinataire s'aide de marqueurs non ambigus (univoques), de l'intonation et du contexte. À l'inverse, l'émetteur - pour réussir - doit se soumettre aux lois du discours que l'on peut résumer ainsi : « n'importe qui ne peut pas dire n'importe quoi, en n'importe quelles circonstances ».

 

Acte de langage / acte de parole (speech act) : Selon Austin, en énonçant une phrase quelconque, on accomplit trois actes simultanés :

– un acte locutoire (on articule et combine des sons, on évoque et relie syntaxiquement les notions représentées par les mots) ;

– un acte illocutoire (l'énonciation de la phrase transforme les rapports entre les interlocuteurs : j'accomplis l'acte de promettre en disant "je promets…", celui d'interroger en disant "est-ce que…?") ;

– et un acte perlocutoire (l'énonciation vise des effets plus lointains : en interrogeant

quelqu'un, je peux avoir pour but de lui rendre service, de lui faire croire que j'estime son opinion, ou de l'embarrasser, etc.). (Ducrot)

 

 



18/05/2019
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