Linguistique amazighe

ENSEIGNEMENT DU BERBERE. Données introductives. (in ANADI n° 3/4, Tizi-Ouzou,1999)

ENSEIGNEMENT DU BERBERE. Données introductives.

 

Article publié (in ANADI n° 3/4, Tizi-Ouzou,1999)

par Saïd CHEMAKH

 

  

1-Introduction:

         Cette étude sur l'enseignement du berbère (kabyle) des origines jusqu'à 1995 a été avant tout faite pour cerner l'importance de celui-ci et ceci à travers un bref historique où seront retracés les jalons de ces expériences d'enseignement. Une seconde partie sera consacrée à l'étude des conditions (ou facteurs) liés à cet enseignement pour la période récente 1980-1995. On se limite à l'année 1995 car c'est à partir de celle-ci que l'Éducation Nationale algérienne se décide, enfin, à encadrer et à prendre en charge des cours de berbère.

 

 2- Historique de l'enseignement du kabyle :

         Par enseignement du kabyle, on n'entend pas une expérience mais une multitude d'expériences inégales et réalisées dans les cadres différents et ayant eu  les objectifs les plus divers.

         La première et la plus ancienne de ces expériences est celle qui a eu lieu sous la colonisation française au sein des établissements tels que l'École Normale de Bouzaréah eu lieu sous la colonisation française au sein des établissements tels que l'École Normale de Bouzaréah (Alger) et la Faculté des Lettres d'Alger.

         Mais l'hypothèse de l'existence d'un enseignement du berbère (de façon générale) pendant le Moyen-Age, peut être émise si l'on tient compte de l'écriture du berbère en caractères arabes à cette période. A ce propos, S.Chaker (1983 : 27) note :" Il est clair que ce passage à l'écrit, dans la mesure où il s'agit d'œuvres consistantes implique (...) un enseignement et une transmission du savoir sur la langue berbère".

         Toutefois, la première attestation écrite et explicite de l'existence de cours de berbère et précisément du kabyle date de la fin du XIX° siècle. Celle-ci s'est concrétisée par :

         - La création de l'enseignement du berbère à la Faculté de Lettres d'Alger dès les années 1880.

         - La création d'un brevet de langue kabyle en 1885 (Cf. Annexe

I).

         - La création d'un diplôme des dialectes berbères en 1887 (Cf. Annexe II).

         - L'instauration d'une prime annuelle aux instituteurs titulaires du brevet ou du diplôme de berbère.

         L'intérêt pour cet enseignement apparaît au niveau des publications. Pour la seule année de 1887, trois manuels, qui demeureront d'ailleurs les références pour quelques décennies à venir, sont publiés. Il s'agit  de :

         - Manuel de langue kabyle de R.Basset,

         - Cours de langue kabyle de B.Bensedira,

         - Une première année de langue kabyle de S.A.Boulifa.

         Plusieurs autres ouvrages témoignent de la continuité de cet enseignement au début du XX° siècle, par exemple :

         - Méthode de langue kabyle, Cours de deuxième année de S.A.Boulifa,

         - Recueil de compositions, (sans nom d'auteur, probablement de S.A.Boulifa).

 

         A partir de 1913, les recherches en linguistique berbère se renouvellent et les cours se consolident avec la création du cours de berbère à l'École des Langues Orientales (actuelle Inalco) à Paris. D'autres chercheurs (A.Basset, J.M.Dallet, A.Picard...) viendront assurer les cours au sein de la chaire de berbère de l'Université d'Alger. Pendant longtemps, ces enseignants resteront les uniques défenseurs de cet enseignement comme en témoigne l'attitude d'André Basset en 1935 lors de la session spéciale de la Commission des Affaires Musulmanes (Cf. Annexe III). L'existence de la chaire de berbère à l'Université d'Alger comme pôle scientifique de recherche et d'enseignement n'exclut pas qu'il y est d'autres lieux d'enseignement du kabyle dont le centre du Fichier de Documentation Berbère crée par les Pères Blancs à Ain-el-Hammam en 1946 ; ou aussi le Centre d'Études Régionales de Kabylie à Tizi-Ouzou en 1954.

         A l'indépendance, un coup a été porté à l'enseignement du berbère comme à la recherche dans le domaine berbère. La chaire de berbère de l'Université d'Alger est supprimée. L'Etat algérien a purement exclu les études berbères considérées comme gênantes pour la réalisation de l'unité idéologique arabe.

         En 1965, M.Mammeri put assurer des cours de berbère au sein du Département d'Ethnologie de l'Université d'Alger. Mais ce dernier fut supprimé lors de la réforme universitaire de 1971. Depuis, toutes les tentatives de créations de cours de berbères avaient échoué, et ce jusqu'en 1990. Et pendant cette vingtaine d'années, c'est surtout en émigration que se développe l'activité militante berbère et donc celle de l'enseignement du kabyle dans des cadres tels que le Groupe d'Études Berbères à l'Université de Paris VIII (Vincennes) crée en 1973,ou autres associations.

         A partir de 1980, plusieurs cours "sauvages" (pour reprendre le qualificatif usité à l'époque), furent organisés aux Universités d'Alger et de Tizi-Ouzou et à travers quelques lycées de la région.

On remarquera à travers les publications de cette période (1980-88), constituées pour la plupart de revues et de brochures ronéotypées l'existence de cours tirés des manuels comme "La langue berbère -Initiation à l'écriture" édité par le G.E.B à Paris ou de "Tajerrumt n Tmazivt" de M.Mammeri. Ce n'est qu'après 1988, que l'enseignement du kabyle connaîtra un certain essor avec la création d'associations culturelles. Certaines d'entre elles (FNACA, Idles,...) assurent à ce jour un enseignement de qualité.

         Au cours des années 70 et 80, de multiples démarches sont menées par M.Mammeri, s.chaker... pour l'intégration du berbère au sein l'université algérienne se sont soldées par le refus des autorités qui pourtant prônent un discours d'ouverture destinée à l'opinion internationale. 

         En 1990, un département de langue et culture berbères est crée à Tizi-Ouzou. Une année après, un autre voit le jour à l'Université de Béjaïa.

         Suite au boycott scolaire de 1994/95 et à la création du H.C.A, des enseignements "facultatifs", complémentaires... ont été autorisés pour les classes d'examens de certaines régions berbérophones.

         En 1995, en France, l'épreuve facultative de berbère qui était jusqu'alors orale est devenue écrite.

 

3-Importance de cet enseignement :

         Les expériences s'échelonnent sur plus d'un siècle, réalisées dans les cadres les plus divers : centres de recherches, universités, lycées, associations... en divers milieux : Kabylie, Algérois, émigration kabyle en France... sont d'une inégale valeur. De même que les apprenants ont été, eux aussi, très divers (berbérophones et non-berbérophones), dans le temps et dans l'espace.

         Pour illustrer l'importance, on peut évaluer une expérience ou un ensemble de celles-ci qui se sont déroulées en Kabylie entre 1980 et 1995. Au cours de cette évaluation, on n'a pas tenu compte des cours et publications qui ne s'inspirent pas de l'héritage universitaire et qui n'ont pas pour fondements les résultats des recherches actuelles en linguistique. Il s'agit particulièrement des publications de L.Bahbouh, H.Cheradi, M.Haroun... qui ont souvent pour référence la grammaire publiée par H.Hanouz en 1970.

         Un seul manuel "Langue berbère" du G.E.B sera traité au cours de cette brève analyse puisque la plupart des cours de la période citée s'en inspirent souvent. 

 

4- Facteurs liés à cet enseignement :

         En regardant de près le contenu des enseignements dispensés lors des cours de berbère, il est facile de se rendre compte de l'importance accordée à la syntaxe et à un degré moindre à la phonologie comparée une absence quasi totale d'un intérêt pour le lexique. Ceci se justifie par plusieurs facteurs touchant au diverses catégories éducatives telles que définies par R.Galisson (1990 : 14  ).

 

Facteurs liés aux milieux instituant et institué :

         L'absence de reconnaissance officielle explique la non prise en charge de l'enseignement du berbère à travers le système éducatif algérien. Cette "exclusion" du champs éducatif officiel a conduit les militants berbéristes a envisager un "enseignement" dans des cadres gérés ou créés par eux. Ainsi pendant longtemps, les "comités" ou "collectifs universitaires" et par la suite les associations culturelles, ont été les seuls espaces où le kabyle est enseigné. L'absence de structure de planification éducative, de gestion et de rationalisation des différents expériences ont conduit à un déséquilibre dans les objectifs de contenu (ou d'instruction) à viser.

 

Facteurs liés à l'objet :

         Les objectifs principaux à atteindre que se fixent les agents de l'enseignement du kabyle, sont très limités. Ils consistent avant tout en l'alphabétisation de l'apprenant dans sa langue maternelle. Celle-ci pouvant permettre à terme, une production écrite en kabyle de la part de l'apprenant. Par-là, on peut conclure donc, que l'enseignement / apprentissage du lexique n'est pas une priorité. Il est secondaire du fait que les apprenants sont, en grande majorité, berbèrophones.

         Les modalités d'insertion des connaissances nouvelles (moments, supports et les techniques) montrent l'importance de ces objectifs

visés :

1)- Moments : les cours de kabyle sont généralement organisés en dehors des séances des cours normaux, ils se déroulent généralement aux heures dites 'creuses' soit dans l'après-midi avant les séances des cours du soir, où soit après celles-ci ou parfois même lors des week-end et /ou les vacances scolaires.

2)- Les supports : Les manuels utilisés sont ceux qui sont disponibles chez les enseignants berbères, entre autres les ouvrages suivants :

  - M. Mammeri Tajeôôumt n tmazi$t Maspero. 1976.

  -[R.Achab]/GEB Langue berbère. Initiation à l'écriture Imedyazen. 1979.

  -[R. Achab] Tira n tmazi$t Tafsut 'Série scientifique et pédagogique' N°3 /1988.      

  - R. Achab Tira n tmazivt (Nouvelle édition) Tafsut 1990.

 

         Des leçons extraites des ces ouvrages sont souvent reproduites dans des revues et bulletins selon une tradition qui remonte au bulletin de l'Académie Berbère Imazighene publié entre 1970 et 1975.

 

3)- Les techniques : Outre le cours ordinaire de grammaire et d'initiation à l'écriture, on note l'utilisation de documents originaux (contes traditionnel, textes ethnographiques, chansons, littérature moderne, traductions...)

         Un embryon de cours à distance a été mis en place (Tizi-Ouzou, Alger).

 

Facteurs liés à l'agent :

         La plupart, si ce n'est la totalité, de ceux qui se sont dévoués à l'enseignement du berbère l'ont fait par militantisme. Ils ont acquis leurs connaissances sur le kabyle lors des cours de M. Mammeri à l'Université d'Alger 1965-1972 ou à travers une formation d'autodidactes avec les publications du FDB qui paraissaient jusqu'au 1975. Par la suite, de nombreux 'enseignants' ont acquis leur formation dans le tas et dans les rares séminaires de formation organisés après 1989. La majorité d'entre eux maîtrisent la langue française du fait de leur formation et donc peuvent avoir par la même accès aux différents travaux linguistiques. La plupart ont eu / ou ont toujours une place d'enseignant dans le système éducatif officiel. D'autres ont acquis une formation en émigration et ont pu exercer au sein des diverses institutions et associations qui le leur permettent.

 

Facteurs liés au groupe et à l'apprenant :

         La majorité des groupes qui forment les apprenants a été constitué pendant longtemps par les étudiants et les lycéens uniquement. Ce n'est que ces dernières années 1989-1994 que l'on voit un intérêt grandissant auprès des autres catégories sociales : travailleurs, cadres...

         L'attente des apprenants n'est guère un diplôme mais une acquisition de connaissances pouvant servir pour  la réalisation de publications : poésie, romans... ou aussi pour l'élaboration de discours politique et enfin dans l'unique but d'apprendre à écrire sa langue.

 

5- Étude du contenu d'un manuel :

'Langue berbère - Initiation à l'écriture' du GEB.

         Élaboré en 1979, le manuel Langue berbère-initiation à l'écriture est en fait l'œuvre de R. Achab même s'il est publié sous l'appellation d'auteur : GEB. Un tirage ronéotypé est fait 1981 à l'université de Tizi-Ouzou, un autre est fait en 1989 par l'association Azar à Béjaïa.

         Il est composé de six chapitres organisé chacun en cours comme réponse à un problème de l'écriture du berbère. A travers l'acquisition de celle-ci, c'est en faite la grammaire qui est enseigné. Les six chapitres sont :

 

1- L'alphabet.

2- Les règles d'écritures.

3- Les particules de direction.

4- Le problème du 'i'.

5- Les phénomène d'assimilation.

6- les phénomène d'annexion.

Chaque chapitre est organisé en trois parties distinctes.

La 1ere  partie représente le cours concernant un problème d'écriture.

La 2éme partie est constituée de textes de lecture. Le nombre de textes est variable, il peut aller d'une liste de mots (88 mots) cas du premier chapitre jusqu'à 14 extraits cas du sixième chapitre.

La 3eme partie  intitulée : remarque sur les textes de lecture est une révision du cours en prenant comme exercice d'application et d'explication des textes précédent.

Les textes de lecture donné dans le livre sont au nombre de 30 au total. Il ont tous été publiés au cours des années 70 par des auteurs faisant partie pour la plupart du GEB. Hormis les adaptations des deux pièces de théâtre de B. Brecht et de celle de K. Yacine, la plupart des documents constituent des œuvres originales.

 

         La paternité des œuvres n'est pas toujours sûre, ainsi les proverbes recueillis par Muhand u Yehya relèvent du domaine populaire et certains ont même été publié par le Père H. Genevois au FDB sous le titre Akken qqaren medden (Fascicule 67/1966). Certaines des pièces de poésie sont en faite l'œuvre traduite d'auteurs étrangers, ainsi :

 - Winna yezzartin est une de deux versions kabyles du Déserteur de Boris Vian  adapté par Muhend u Yehya.

 - Gma, weltma est une version kabyle de Tu es comme le scorpion, mon frère du potée turque N. Hikmat.

 

         On remarquera qu'aucun texte ethnographique ou transcris à partir de la tradition orale (contes, poésie...) n'y figure. Bien au contraire, certains poèmes ont connu une diffusion massive du fait de leur reprise immédiate à travers la chanson kabyle moderne par Ferhat, Mennad, Idir... (Cf. tableau signalétique des textes ).

         Idéologiquement, le choix des textes n'est pas neutre, il s'explique par la volonté des militants berbéristes de l'époque de promouvoir une néo-littérature de création individuelle et personnelle contrairement à la tradition orale qui est une production collective. Il s'explique aussi par la volonté  de permettre l'accès à la littérature universelle et particulièrement occidentale, par le truchement de la traduction et de l'adaptation. Cette volonté se conjugue avec celle du passage à l'écrit.

         Le manuel ne sert au fait que pour l'acquisition de l'orthographe du kabyle écrit en caractère latin. et par la même la production d'œuvres correctes à la lecture.

         Dans la troisième partie, l'explication française des termes kabyle est parfois donné suivant deux intérêts :

 

a) le premier est celui d'expliquer une structure syntagmatique à différente réalisation entre le kabyle et le français.

Exemple : p.16- la copule 'd' :

'd' peut être traduite par 'c'est ' ou 'ce sont' :

exemples de traduction :

uzzal  "fer"                              d uzzal   "c'est du fer"  

awal   "mot"                           d awal   "c'est un mot"

atmaten  "frères"                   d atmaten  "ce sont des frères".

 

b) le second est celui d'expliquer un terme n'étant plus d'usage ou étant un néologisme. La rubrique porte le tire de vocabulaire.

Exemple : p.16- tafukt= iîij, le second terme étant plus courant que le premier.                      

Nous avons aussi : p.72- tayri= amour,     néologisme

                                      tilelli= liberté,     néologisme.

 

         Donc, concernant l'enseignement du lexique, et au regard des facteurs liés aux différentes catégories éducatives, il apparaît  clairement que l'enseignement/ apprentissage du lexique est considéré comme implicite et automatique à travers l'acquisition des structures grammaticales. La priorité étant donnée à l'acquisition de l'écrit, l'importance du lexique s'est vue réduite .

         Cela ne  signifie nullement que les problèmes que pose celui-ci  ne soient perçus et pris en compte par les enseignants et apprenants du kabyle; A titre d'exemple, pour faire face au recours automatique à l'emprunt, M.Mammeri et quelques-uns uns de ses étudiants élaborent l'Amawal  ( Lexique de néologie moderne) .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau signalétique des textes publiés dans Langue berbère

Tableaux des textes de la méthode‘ langue berbère - Initiation à l’écriture’/GEB

 

Chapitre

Titre et /ou contenu

Genre littéraire

Auteur          

Titre de l’ouvrage et/ou périodique et année de publication

I – Alphabet

 1

 

Lexique(88mots)

 

 

 

II- Règles de l’écriture

2

liste de 32 proverbes

(Proverbes)

Muùhend u yahia

Akken qqaren medden,

(Inhissen), Tisuraf 1978

 

III- Particules de direction

3

(Extrait)

Théâtre

Bertolt brecht

Aneggaru ad tabburt, adaptation de ‘la décision’1976

IV- Problème du i

4

Yemma

Poésie

amer wakli

Tafunast igujilen

V-Phenomenes d’assimilation

 

5

Winna yu$iten

 $er tmurt

         « 

Muhand u yahia               

Mazal lxir ar zdat

VI- Phénomènes d’annexion

6

Hedre$ i tnekra

 

amer wakli

Tafunast igujilen

7

Ay arrac nne$

 

Muhand u yahia

Mazal lxir ar zdat

 

8

Winna yeééartin

Poésie

Muhand u yahia (boris vian)

Mazal lxir ar zdat

9

Extrait

Théâtre

B.Brecht

Llem ik , ddu d uvar ik

Adaptation de ‘L’exception et la règle’1975

10

Extrait

 

B.Brecht

Anneggaru ad yerr tabburt,

 

11

Ass amezwaru

 mi ri

Poésie

Amer wakli

Tafunast  igujilen

12

D acut ?

d acut ?

Poésie

Muhand u yahia

Mazal lxir ar zdat

13

Tayri

Poésie

         X

Bulletin d’Etudes berbères

 

14

Taddart nni ne$

Poésie

Muhand u yahia

Tafunast igujilen

 

15

Tira

Poésie

Amer wakli

 

 

Tafunast igujilen

16

Bu tjewwaqt

Théâtre

Amer wakli

         «               »

 

17

Extrait

Théâtre

B.Brecht

Aneggaru ad yerr taburt,

 

18

Extrait

Théâtre

B.Brecht

Ddem abaliz-ik a Muh in Bulletin d’Etudes Berbère N°4,8,9 et 10 / 1974 –77

19

Gma

weltma

Poésie

Kateb yacine

‘Isefra’

 

 

20

A lmlud ,

A gma

Poésie

Lwennas iflis/(Nazim Hikmet)

‘Isefra’

21

A$rib

 

Poésie

Lwennas Iflis

‘Isefra’

22

Anejma n taddart

 

Prose

X

Afud Ixeddamen N° 5/1977

23

Tayuga temmec

Prose (conte)

X

Bulletin d’Etudes Berbères N°12/1977

24

Ameyezz …

« 

X

Bulletin d’Etudes Berbères N°12/1977

25

Imexluqen

« 

X

Bulletin d’Etudes Berbères N°12/1977

26

Tehsel garasen

 

« 

X

Tisuraf N° 1/1978

27

Nek°ni ..

 

« 

X

Tisuraf N° 1/1978

28

Taqeld-iyi

 

« 

X

Tisuraf N° 1/1978

29

Ttif  ivelli ass-a

 

« 

X

Tisuraf N° 1/1978

30

icibib

« 

X

Bulletin d’Etudes Berbères N°12/1977

 

 

NOTES :

1- Ce texte constitue en fait une suite à Contribution au berbère fondamental publié dans Tifinagh N°11/12 pp. 103-110, Rabat, Maroc. L'analyse approfondie de plusieurs expériences d'enseignement telles celle de M.Mammeri (1965/71), celles des associations berbères légales (1989/95), celles de l'émigration... a été omise.

2- Suite à cette réunion, André Basset publie en collaboration avec Jean Crouzet un Cours de berbère (Parlers de Kabylie) dont le premier fascicule Exposé grammatical est tiré en Linotype et ce en 1937. Dans la préface de ce volume datée de 1936, il avertit que c'est par une  impérieuse nécessité d'enseignement que le manuel est aussi vite élaboré.

3- pour plus de détails sur ces demandes de prise en charge officielle de l'enseignement du berbère à l'Université, lire S.Chaker, Imazighen ass-a, Bouchène, Alger, 1990 et particulièrement le chapitre 9 pp.79-84. Voire aussi Tafsut, Série normale, N°13/1989, Tizi-Ouzou pp.90-96. 

4- Ces travaux étant l'œuvre de militants amateurs n'ayant fait aucunes études en linguistiques générale et berbère sont truffés d'approximations, de contresens et de vérités a-scientifiques, ne font que desservir les éludes berbères.

5- Les deux associations (Idles et FNACA/ Agraw Adelsan Amazigh) basées à Tizi-Ouzou, ont été les seules à se soucier du niveau des enseignants et du contenu des cours dispensés par les associations. Elles ont, à cet effet, organisé plusieurs rencontres avec les praticiens et les chercheurs en linguistique comme elles ont mis en place des cycles de formation de formateurs entre 1990 et 1995.

6- Concernant l'élaboration de l'Amawal et l'analyse critique de son contenu, lire R.Achab La néologie lexicale berbère (1945-1995), éditions Peeters, Paris, 1996  et particulièrement le chapitre 4 pp.133-175.

 

Références bibliographiques :

Outre les références mentionnées dans le texte, on renvoie à :

S.Chaker 1983/1990 Manuel de linguistique berbère, Introduction au domaine berbère, 2° édition Bouchene, Alger.

R.Galisson Didactologie / Didactique des langues et cultures. Études de Linguistique Appliquée N°79/1990, Didier, Paris.

 

ANNEXES

I- Le Brevet de langue kabyle de 1885.

II   - Le Diplôme des dialectes berbères de 1887.

III- L'enseignement du berbère et de l'arabe. Extraits du débat de 1935.

 

Annexe I –L’enseignement du berbère et de l’Arabe (1935)

(Document reproduit in Tafsut n°10, [pp.74-75],Avril 1985/Tizi- Ouzou

 

L’Enseignement de l’Arabe et du Berbère

Extrait d’un Débat de 1975.

            Nous publions ci-dessous des extraits d’un débat sur l’enseignement de l’Arabe et du berbère datant de 1935.Ces extraits sont tirés des procès –verbaux officiels de la session spéciale de 1935 de la commission interministérielle des affaires Musulmanes. Nous le faisons dans le but suivant :apporter un complément d’information sur la position des autorités françaises de l’époque et celle des députés  musulmans par rapport à la langue berbère .

            Une remarque au sujet de ces extraits :l’Enseignement de l’Arabe bénéficie de toute une annexe au procès-verbal, ( enseignement de l’Arabe aux indigènes ,enseignement de l’Arabe aux Européens ,enseignement libre ,école coranique) alors que le Berbère n’est évoqué que de façon marginale et souvent négative. Tandis que le Khalifa El Hadj Djelloul ben Lakhdar qui salue au passage « la glorieuse France » défend avec emphase l’extension de l’enseignement de la langue Arabe , M.Bendjeloul (délégué financier) s’oppose à un enseignement généralisé du berbère,  « simple dialecte ».

ANNEXE II

L’Enseignement de l’Arabe en Algérie

Rapport Préliminaire .

            La France n’a pus cessé de s’intéresser à l’enseignement de l’Arabe dans les établissement scolaire de tous les degré. Les indigènes s’en sont longtemps déclarés satisfaits et ont rendu hommage à nos efforts .Depuis quelque années cependant, un mouvement  s’est produit dans certain milieux musulmans en faveur du développement  et la rénovation des études arabes .

            Ces milieux réclament notamment : 1er institution dans les écoles primaires d’un cours d’arabe obligatoire pour tous les musulmans et professé par d’anciens élèves des médersas titulaires du diplôme d’études supérieures des médersas ; 2° la réforme de l’enseignements musulmans dans les médersas par l’amélioration et l’élargissement scientifique des programmes ; 3° l’augmentation du nombre des moudérrés officiels enseignant dans les mosquées ; 4° l’octroi de larges facilité pour l’ouverture d’écoles coraniques et de médersas privées, en raison de l’insuffisance actuelle de l’enseignement officiel de l’arabe.

            L’épreuve d’arabe est obligatoire à l’examen du brevet supérieur. 345 élèves-maitres et 210 élèves-maitresses ont suivi les cours d’arabe parlé pendant la dernière année scolaire. Il est donné par semaine 17 heures d’arabe parlé réparties entre les trois années d’enseignement. en outre, le berbère est enseigné durant cinq heures par semaine dans la section spéciale.

            L’enseignement de l’arabe doit-il être rendu obligatoire dans toutes les écoles primaires, même les plus élémentaires et les plus rudimentaires. Et, si oui, à qui le confier ?

 

II- L’enseignement de l’arabe aux européens.

            La connaissance de la langue arabe est indispensable en Algérie à de nombreux français que leur fonctions ou leur occupations mettent en contacte permanent avec les indigène.

L’enseignement de l’arabe est donné dans les écoles primaires supérieures, les lycées et collèges et à la faculté des lettres d’Alger en vus d’examen spéciaux , brevet d’arabe ,diplôme, licence  en agrégation d’arabe .On peut se demander s’il ne conviendrait pas d’instituer dans les écoles primaires européens  parallèlement  à l’enseignement musulman donné aux indigènes, des cours d’arabe destinés spécialement aux Européens.

            M.Milliot.- je reprends certains points du rapport de M.Bendjelloul .Vous êtes partisans de l’enseignement de l’Arabe aux fonctionnaires ; nous sommes donc d’accord là-dessus, et la commission pourrait adopter une motion préconisant de renforcer l’enseignement de l’arabe à tous les fonctionnaires.

            Nous somme également d’accord sur l’enseignement de l’arabe dans les écoles primaires européennes et indigènes par des moudérrés  .

M.de MONSARERT – La connaissance de l’arabe est obligatoire pour tous les officiers servant dans l’Afrique du Nord ;il est également enseigné dans les écoles de formation. Il faut reconnaître que les cours d’arabe sont peu suivis dans ces écoles, car ils ne sont pas obligatoires. Il faudrait que les cours d’arabe obligatoires ainsi que ceux de sociologie musulmane.

 

Ainsi , à Saint    Cyr , on compte , sur 300 officiers environ en moyenne , 123 élèves d’arabe en première année , tandis qu’en deuxième année ce chiffre se réduit à 40 .

 

A Saint – Maixent, on trouve 230 officiers apprenant l’arabe .

A Saumur on en compte 106.

 

Messieurs , je me permet donc d’insister pour qu’un vœu soit émis dans le sens  indiqué ci-dessus.

 

M.André Basset…. Je m’associe entièrement à l’exposé de M.Gaudefoy-Demombynes. A titre de berbèrisant. , je tiendrai à faire remarquer qu’il ne faudrait pas perdre de vus le développement de l’étude berbère .

 

E – L’enseignement du berbère .

 

Il ne faut pas  oublier que le quart de la population indigène de l’Algérie parle berbère. Même quand les berbérophones sont bilingues, l’arabe n’est pas pour eux une seconde langue maternelle, mais bien une langue étrangères  , apprise  d’une façon plus au moins poussée, plutôt moins que plus, quand  ils arrivent à l’âge d’homme .Puisqu’il s’agit de développer  l’enseignement de la langue maternelle des indigènes, on ne saurait, semble-t-il, contester que les mesures prises pour développer l’enseignement de l’arabe doivent être prises également et simultanément pour développer l’enseignement du berbère.

 

c- l’Enseignement Libre de l’Arabe.

la commission émet l’avis que rien ne soit changé à la situation actuelle des écoles libres coraniques ( Kouttabs ,  Zaouias ,mçids, medersas privés) dès l’instant qu’elles se bornent à donner un enseignement uniquement religieux et que le décrit de 1892 leur soit appliqué dans l’esprit le plus libéral .

 

M.Benjelloul – je ne voudrais pas laisser passer cette occasion sans vous exprimer toute la reconnaissance que porte à la France la jeunesse musulmane instruite dans les écoles françaises .Les chiffres donnés dans le rapport de M. Augustin Bernard sont exacts, mais il y a encore près de 800.000 indigènes musulmans qui ne reçoivent pas d’instruction françaises .

 

Nous avons confiance en l’administration et en vous pour que nos petits frères reçoivent une instruction en français et en Arabe. Nous vous sommes reconnaissant d’avoir bien voulu traiter la question de l’enseignement qui nous tient particulièrement à cœur , car la tradition chez les musulmans veut que tous nous soyons à même de lire le livre sacré, le Coran. C’est pourquoi je tiens à signaler l’effort qui a été fait en matière d’enseignement, et je tiens ici à vous exprimer toute notre reconnaissance pour l’œuvre accomplie, pour l’œuvre grandiose qui a été faite .

 

Quand à l’enseignement du berbère, il me semble que le berbère est un simple dialecte. Par conséquent , on ne peut pas mettre l’enseignement du berbère sur le même pied que celui de l’arabe.

 

Il faut simplement apprendre le berbère aux fonctionnaires et aux officiers .

 

M.Milliot . – Pour les israélites il n’existe que des écoles confessionnelles .Quand  à la question du berbère, je suis d’accord avec vous ; le berbère n’est  pas  une langue écrite ,ayant des caractères propres ; on est obligé d’avoir recours à la transcription française ou arabe.

 

 B- Enseignement de l’arabe aux indigènes.

 

1-       écoles primaires européennes et indigènes.

 

La commission est d’avis qu’un enseignement de l’arabe soit donné dans toutes les écoles primaires européennes et indigènes. en excluant de ces écoles l’enseignement coranique qui n’y serait pas à sa place ;

 

Que l’enseignement de l’arabe classique soit donné par les mouderrès dans les écoles   principales agglomérations urbaines.

 

Que le statut et les programmes de l’enseignement des écoles indigènes tondent a se rapprocher

de plus en plus du statut et des programmes des écoles européennes. 

 

 

Annexe II – le Brevet de la langue Kabyle (1885).

(Document extrait de B.Bensedira, Cours de langue kabyle , pp.CCXLV-CCXLVII).

 

Programme du Brevet  langue Kabyle (délivré par l’école des lettres)

 

ARRETE

Portant création d’un brevet de langue kabyle (26 juillet 1885)

 

Art 1er – L’école préparatoire à l’enseignement supérieur des lettres d’Alger délivre un brevet de langue kabyle.

 

Art 2.- L’examen pour l’obtention du brevet de langue kabyle comprends trois épreuves écrites et trois épreuves orales .

Les épreuves écrites consistent :

1° En un thème en langue kabyle , avec analyse des formes grammaticales ; 

2° En une version dans la même langue, avec analyse des formes grammaticales ;

3° En une version arabe d’un texte facile.

 

La durée de chaque épreuve est de trois heures .

Nul n’est admis à l’examen oral s’il n’a pas mérité un minimum de 30 points, chaque épreuve donnant lieu à une note qui varie de zéro à vingt. La nullité d’une des composition pour les candidats , ou une connaissance insuffisante du français pour les indigènes ; entraîne l’ajournement.

 

Art 3.-L’éxamen  oral comprend :

1° L’explication d’un texte kabyle, avec interrogation sur la grammaire ;

2°Des exercices ayant pour objet l’interprétation de conversation en kabyle et en français

3°Un exercice de conversation facile en français et en arabe

4°.-Les candidats qui ont subi avec sucés les épreuves du brevet de langue  arabe  sont  dispensé de la partie arabe de l’examen soit écrit ,soit oral .

 

Art4.-Les candidats qui ont subi avec sucés les épreuves du brevet de langue arabe sont dispensé de la partie arabe de l’examen soit écrit, soit oral.

 

Art 5- Le jury d’examen de langue kabyle sera constitué chaque année par arrêté de Recteur de l’Académie d’Alger.

 

Art 6- Les examens  pour l’obtention du brevet de langue kabyle ont lieu à Alger à la fin et au commencement de l’année scolaire , à des dates fixées par le Recteur .

 

Art 7 – Le recteur de l’Académie d’Alger est élargie de l’exécution du présent arrêté .

 

                 Fait à Paris, le 28 juillet 1885.

                                                                                                     Réné Goblet.

 

Nota :les frais d’examen sont de 25 Fr, que les candidats paieront aux caisses des trésoriers ou de leurs préposés , sur la présentation  du bulletin de versement délivré par le secrétaire des Ecoles supérieures d’Alger.

 

 

 

Annexe III  – le diplôme de langue berbère (1887)

( Document extrait de S.Boulifa , cours de 2°année …pp.346-351

 

Notice Relative Au Brevet de Langue Kabyle et au Diplôme

Des Dialectes Berbères

 

1-Brevet de Langue Kabyle

la faculté des lettres d’Alger délivre un brevet de langue kabyle. Nul  ne peut être admis pour l’obtention de ce brevet , s’il n’est âgé de dix-sept ans accomplis au moment de l’examen.

l’examen comprend trois épreuves écrites et trois épreuves orales.

Les épreuves écrites qui sont éliminatoires consistent :1° en un thème en langue kabyle, avec analyse des formes grammaticales ; 2° en une version dans la même  langue, avec analyse des formes grammaticales ; 3°en une version arabe d’un texte facile.

 

Les épreuves orales comprennent :1° l’explication d’un texte kabyle avec interrogation sur la grammaire ; 2° des exercices  ayant pour objet l’interprétation de conversation en kabyle et en français ; 3° un exercice de conversation facile en français et en arabe .

 

La nullité d’une composition pour tout les candidats , ou une connaissance insuffisante du français pour les indigènes , entraîne l’ajournement . Les candidats qui ont subi avec succès les épreuves du brevet en langue arabe peuvent se faire dispenser de la partie arabe de l’examen soit écrit ,soit oral.

Les examens ont lieu à Alger à la fin et au commencement de l’année scolaire , à des dates fixées par le Recteur. Le jury d’examen est constitué chaque année par le recteur.

Les droits s’élèvent à 30 francs (examen ,20 francs ; visa du brevet ,10 francs)

 

(Décret du 21 août 1885 ; décrit du 28 juillet 1885)

Décret du 13 janvier 1910, concernant la prime annuelle accordée aux Institutrices et aux Instituteurs, révision de l’examen. .

 

2-       Diplôme des Dialectes Berbères.

La faculté des lettres d’Alger délivre un diplôme de dialectes berbèrs.

Sont admis à postuler ce diplôme : 1°les candidats européens et indigènes qui sont pourvus, soit d’un baccalauréat, soit d’un brevet de capacité de l’enseignement primaire ; 2°les indigènes pourvus du certificat d’études primaires doivent justifier du brevet de langue kabyle et d’une année d’étude à la faculté des lettres d’Alger. les interprètes judiciaires pour  la langue kabyle , en fonction, sont dispensés de ces conditions.

L’examen comprend deux épreuves écrites et Quatres épreuves orales . Les épreuves écrites qui sont éliminatoires comprennent :

1° Un thème en dialectes différents déterminé par la faculté ;

2° Une composition de grammaire sur les dialectes berbers.

L’examen oral comprend : 1° une conversation en dialectes différents déterminés par la Faculté ;         2° Une explication d’un texte berbère avec comparaison de dialectes ;3° une interrogation sur l’histoire et les coutumes des berbères ; 4° une conversation en langue arabe .

Le jury, après en avoir délibéré, peut ajourner un candidat pour  nullité de l’une des épreuves.

 

 



19/05/2013
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