Linguistique amazighe

La Sémiologie

La Sémiologie

(Article extrait de Wikipedia)

La sémiologie est la science des signes.

Le terme sémiologie a été créé par Émile Littré et pour lui, il se rapportait à la médecine1. Il a ensuite été repris et élargi par Ferdinand de Saussure, pour qui la sémiologie est « la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale »2. Le terme sémiotique, inventé par Charles Sanders Peirce quelques années auparavant, recouvre la même idée et est utilisé le plus fréquemment en dehors de France.

Toute science étudiant des signes est une sémiologie. Le terme est donc utilisé dans plusieurs disciplines.

Sommaire

Sémiologie en linguistique

La sémiologie (du grec σημεῖον (« séméion »), le signe, et λόγος (« logos »), "discours", "raison", "étude") apparaît être une discipline récente. En linguistique, la théorie générale des signes n'est pas nouvelle puisqu'on la rencontre chez des auteurs comme Court de Gébelin ou Joseph-Marie de Gérando.

Tombée presque un siècle dans l'oubli, la publication du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure propose d'en renouveler la définition, ou plutôt d'en circonscrire le champ d’étude : « On peut donc concevoir une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale ; elle formerait une partie de la psychologie sociale, et par conséquent de la psychologie générale ; nous la nommerons sémiologie. Elle nous apprendrait en quoi consistent les signes, quelles lois les régissent. Puisqu’elle n’existe pas encore, on ne peut dire ce qu’elle sera ; mais elle a droit à l’existence, sa place est déterminée d’avance. La linguistique n’est qu’une partie de cette science générale… » (de Saussure, 1972 [1916], p. 33).

On assiste alors à un regain d'intérêt pour l'étude des signes, et la sémiologie devient une nouvelle discipline dans les Sciences sociales avec des auteurs comme Greimas, Barthes, Jean Baudrillard, Mounin ou Umberto Eco.

Cette définition sera progressivement étendue à d'autres champs que la philologie pour devenir une science générale de la communication. Ainsi, Buyssens s’est proposé de définir la sémiologie comme « la science qui étudie les procédés auxquels nous recourons en vue de communiquer nos états de conscience et ceux par lesquels nous interprétons la communication qui nous est faite » (Buyssens, 1943, p. 5). Cette définition, très empreinte d'individualisme méthodologique, sera vite dépassée par la conception de Greimas qui envisage la sémiologie dans toute sa dimension culturelle et comme un fait social total.

Aujourd'hui, le second sémiotique prédomine. Il fallait donc que le premier se cantonne dans un sens plus spécialisé ; ce fut celui de la description spécifique de systèmes de signes particuliers. Pour Hjelmslev, la sémiologie est une sémiotique dont le plan du contenu est lui-même une sémiotique. Cette distinction est d'une certaine manière reflétée ici. D'une démarche plus consciente, nous avons voulu, dans l'expression « système sémiologique » par exemple, introduire entre sémiotique et sémiologique la même nuance que celle qui existe entre phonétique et phonologique : une nuance entre la science de la substance et celle de la forme.

Deux écoles en sémiologie

Sémiologie de la Communication et Sémiologie de la signification.

  • La sémiologie de la Communication étudie uniquement le monde des signes, par exemple l'étude des systèmes de vêtements de deuil ou de la canne blanche de l'aveugle (système à un seul signe ou signe isolé). Représentants éminents : Georges Mounin, Éric Buyssens, Louis Prieto. La sémiologie de la Communication a étudié : le code de la route, les signaux ferroviaires maritimes et aériens, le morse, les sonneries militaires, les insignes, les langages machine, la notation musicale, le langage de la chimie, des ordinateurs, les langues parlées, sifflées, le tam-tam... Ces objets d'études sont des systèmes de signes conventionnels et précis.
  • La sémiologie de la Signification n'a pas d'a priori, elle étudie signes et indices, sans se préoccuper de la distinction. Roland Barthes est l'initiateur de ce courant. Elle s'intéresse à tout objet en tant que signifiant en puissance ; d'où ses objets d'études ne se limitent pas à des systèmes de communication intentionnels. Elle peut donc interpréter des phénomènes de société et la valeur symbolique de certains faits sociaux. Le sport, par exemple, en tant que combat moral, ou encore les publicités commerciales. La sémiologie de la signification se rapporte donc à l'univers de l'interprétation et du sens, et non du code et de la communication.

Sémiologie médicale

Article détaillé : sémiologie médicale.

C'est pour la médecine que ce terme a été inventé par Emile Littré. La sémiologie médicale est la partie de la médecine qui étudie les symptômes et signes et la façon de les relever et de les présenter afin de poser un diagnostic.

Sémiologie en géographie

On parle également de sémiologie en géographie. Elle y est utilisée comme outil d’interprétation ou de traduction. En particulier, la géographie s’intéresse non seulement à la sémiologie générale, mais aussi à la sémiologie graphique : par exemple, l’étude de la pertinence des représentations de l’espace (notamment cartographiques) et des groupes sociaux qui les peuplent (représentations paysagères, processus de construction de l’identité, etc.) utilise le cadre conceptuel de la sémiologie graphique.

Sémiologie visuelle

La sémiologie visuelle ou sémiotique visuelle a été particulièrement développée dans les travaux du Groupe µ, et spécialement dans l'ouvrage fondamental qu'est Traité du signe visuel (1992). Cet ouvrage part des fondements physiologiques de la vision, pour observer comment le sens investit peu à peu les objets visuels. Il distingue d'une part les signes iconiques (ou icônes), qui renvoient aux objets du monde, et les signes plastiques, qui produisent des significations dans ses trois types de manifestation que sont la couleur, la texture et la forme. Il montre comment le langage visuel organise ses unités en une véritable grammaire. Une telle grammaire permet de voir comment fonctionne une rhétorique visuelle, au sein d'une rhétorique générale.

Sémiologie de la photographie

Pol Corvez (sémiologue à l'université d'Angers) travaille sur la sémiologie de la photographie. Au lieu de se fonder sur les référents, comme le font les typologies traditionnelles, il se fonde sur le repérage et l'analyse des signifiants propres à la photographie et aux arts graphiques et propose une typologie des œuvres photographiques. Il appelle cette nouvelle discipline la « photologie ». Cette typologie comprend quatre classes : le Clinique, le Mythique, le Déixique et le Morphique. Sa thèse La photologie : pour une sémiologie de la photographie, est consultable dans les bibliothèques universitaires.

Sémiologie du cinéma

La sémiologie du cinéma a notamment été développée par Christian Metz.

Sémiologie de la musique

Article détaillé : sémiologie de la musique.

Dans les années 1970 Jean-Jacques Nattiez et Jean Molino publient les textes de base de la sémiologie de la musique « Fondements d'une sémiologie de la musique » et « Fait musical et sémiologie de la musique ».

La sémiologie de Molino et Nattiez se base sur deux triades :

  • la notion de tripartition des formes symboliques et
  • la conception triadique du signe développée par Charles Sanders Peirce.

La tripartition de Molino et Nattiez soutient que toute œuvre musicale peut être abordée de trois points de vue :

  • le niveau poïétique (point de vue de la production),
  • le niveau esthésique (point de vue de celui qui reçoit le message musical) et
  • le niveau immanent de l'œuvre (niveau neutre, l'ensemble des configurations du texte musical).

L'originalité de la tripartition de Molino et Nattiez est l'affirmation de la non-convergence de ces trois niveaux.

Voir aussi

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Articles connexes

Notes, références

  1. Terme de médecine. Partie de la médecine qui traite des signes des maladies. in Dictionnaire de Médecine, 1855
  2. Cours de linguistique générale, p. 33

05/12/2012
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REGARDS SUR LA POESIE DE L. MATOUB. (2000).

REGARDS SUR LA POESIE DE L. MATOUB. (2000).  

  •  Par Said Chemakh


  • Il y a quelques années, la critique saluait le renouvellement qui s’est produit en poésie kabyle. Cette dernière, pour reprendre la thèse de M. Mammeri, est entrée dans une phase de stagnation liée à la rigidité des structures socio-économiques. Le renouvellement est, lui aussi, lié à l’évolution de ses structures et surtout aux grands bouleversements qu’à connu la société kabyle dans cette dernière moitié du XXème  siècle. La poésie de Lounès Matoub, tout comme celle de Ben Mohamed et Ait Menguellat, représente un bel exemple de ce renouvellement tant sur le plan thématique que stylistique. Un court survol de cette œuvre permet de confirmer ce propos.
  • Chronique du présent

L’une des caractéristiques de la poésie de Matoub est d’être inscrite dans le temps. Le poète est devenu un chroniqueur de son temps. Certes Yusef U Qasi, Smail Azikyu sont aussi des chroniqueurs de leurs siècles respectifs, mais pas autant que Matoub ne l’est du sien. Matoub situe les événements dans le temps et dans l’espace. Il donne les propositions des protagonistes et analyse leurs actions. On peut relire l’histoire de l’Algérie depuis la guerre de l’indépendance rien qu’en décortiquant la poésie de Matoub. Mieux que cela, pour expliquer le présent, le poète recourt à l’Histoire d’un pays damné (1991) en constitue l’exemple le plus pertinent. Les événements politiques comme la situation économique sont décrits avec précision. Plusieurs exemples peuvent être donnés, dont le plus important est le Printemps Berbère (1980). Ainsi dans Yeḥzen Lwed Aysi (1981/2-5) ; Matoub décrit la prise d’assaut de l’Université de Tizi-Ouzou par les CNS qui, dit-il, étaient appelés de Skikda. Il décrit l’arrivée des manifestants de Wagnun le 21 avril. Les accords de Londres (1985), les événements d’octobre 1988, l’assassinat de Boudiaf (1991), le terrorisme islamiste (1992-1997)... sont autant d’exemples figurants dans l’œuvre de Matoub.

  • Réécriture de l’Histoire.

L’Histoire des Berbères, des Algériens, des Kabyles est écrite par d’autres, dont les pouvoirs en place qui ne servent pas les intérêts des Berbères, des Algériens ou des Kabyles. Elle est donc travestie. Matoub s’est fixé comme but de la dépouiller des habits qui ne sont pas des siens, de la réécrire. Chaque fait historique qui lui semble important est rétabli. Ainsi, il ne se gênera pas pour dénoncer l’assassinat de Abane Ramdane au Maroc en 1957. Il précise même, que c’est son frère (Krim) qui l’a attiré dans le guet-apens. Il dénoncera aussi l’assassinat de ce dernier à Francfort en 1970. Comme il dénoncera l’assassinat des étudiants qui ont rejoint le maquis du F.L.N. Pendant la période de la bleuet et lors de l’opération montée par le capitaine Léger. Il contera comment Ben Bella a utilisé l’armée pour écraser la révolte kabyle de 1963 dans Regards... dans une autre chanson, il reviendra sur cet événement et précise que Muhand Oulhadj s’est rendu. Dans Imazighen (1980/2), Matoub redit deux jalons importants dans l’histoire des Berbères, à savoir la fondation de l’Etat par Massinissa et la résistance de la Kahina.

  • La revendication berbère : Un des thèmes les plus récurrents dans la poésie de Matoub demeure la défense de la langue et de la culture berbères. En partant du constat de l’éternelle blessure de cette langue dans Ay Adrar nat Yiraten (1981/2), Matoub espère qu’elle bénéficiera d’une reconnaissance officielle dans Asirem (1989). Mais il dénoncera la folklorisation dans laquelle le pouvoir tente de l’enfermer dans Iluḥeq-d zzhir (1998). Cette défense de la langue maternelle s’accompagne de la dénonciation de la politique d’arabisation, des agents de celle-ci, de surcroît quand ils sont Kabyles. Elle s’accompagne de la démystification du caractère sacré de l’arabe dans Allah Wakbaṛ (1993).
  • Autres thèmes

Outre ces thèmes cités, Matoub en a développé de nombreux autres. Il est l’un des rares à glorifier la maternité dans de nombreuses pièces, il a aussi décrit l’amour impossible, affligeant à contrarié. Il a aborder à maintes reprises le thème de la mort. Non que Vénus et Tanathos soient jusque-là absents de la poésie kabyle, mais avec Matoub, on a une autre vision du monde, une vision triste comparable à celle de Baudelaire. Mais sans verser dans le pessimisme et dans d’autres vers, Matoub offre une vision du monde, celle de l’amour de la vie. Il dénoncera la violence et surtout la guerre, la souffrance des mères ayant perdue leurs enfants. Ce n’est donc pas étonnant que Matoub ait adapté le "Dormeur du val" d’Arthur Rimbaud en kabyle (Aesekôi, 1986/2).

  • Pour ne pas terminer

      Pour mieux cerner l’apport de la poésie de Matoub au renouvellement de la poésie kabyle, des études plus longues, plus détaillées doivent êtres faites. Elles ne doivent pas uniquement toucher le corpus connu car publié, mais elles doivent être élargies à la poésie jusque-là, inédite. Toutes les approches du texte poétique doivent être sollicitées. Limiter l’étude à une seule approche, conduirait à tirer des conclusions partielles. Pour mieux aborder les thèmes de cette poésie, il serait judicieux dans un premier temps de recourir aux statistiques lexicales qui permettront d’avoir les fréquences des mots relatifs à chaque champ sémantique. Comme il serait aussi intéressant de comparer les façons avec laquelle Matoub abordait les thèmes, à celles des autres poètes kabyles. Ce travail est certes de longue haleine, mais il vaut la peine d’être fait.

  •                                                                                                                                                                        Said Chemakh

04/12/2012
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L A N G U E B E R B E R E LA STANDARDISATION DU KABYLE (2000)

L A N G U E       B E R B E R E

LA STANDARDISATION  DU  KABYLE

(2000)

 

Par Said Chemakh

 

 

A propos de la standardisation.

 

            Toute extension de l'usage d'une langue dans des domaines où elle n'était pas/ ou n'est plus usitée pousse à la réflexion sur les choix à opérer dans la multitude de possibilités d'expression qu'offre cette langue. Lorsque les ressources de l'expression sont très diverses du fait de l'existence de plusieurs variétés dialectales/ régionales, sociales... du fait de l'existence de plusieurs niveaux de langue, de la richesse lexicale et stylistique de la langue et parfois du fait de l'existence de plusieurs langues en contact rend le choix  problématique. Le choix d'une variété linguistique qui aura pour fonction de servir d'outil de communication dans ces domaines vers lesquelles il y a extension de l'usage se fait suivants des critères consciemment ou inconsciemment admis par les acteurs responsables de ce choix. C'est ainsi que débute ce l'on définira plus tard comme la planification linguistique. Pour R. Fasold (1) " C'est l'existence de choix qui rend la planification possible " et R. Baylon de préciser  que " Ces choix existent à tous les niveaux de l'usage de la langue, mais tous les niveaux ne sont pas susceptibles d'être les objets de la planification linguistique. Généralement celle-ci s'intéresse aux usages officiels, publics de la langue et non pas à la communication quotidienne informelle, où les choix sont laissés aux facteurs de nature sociopsychologique qui régissent la situation ".                                  

          Une planification linguistique est, selon C.Baylon (1996:178), "un effort explicite et systématique pour résoudre des problèmes linguistiques et parvenir à la réalisation concrète des solutions trouvées grâce à l'appui d'institutions". Selon lui, H.Kloss (2) a regroupé les divers buts de cette planification "en deux catégories, selon qu'ils relèvent de la planification de la codification de la langue, l'aménagement de la langue elle-même, language corpus planning - ou de la planification orientée en fonction de leur statut- l'intervention vise le statut de la langue, language status planning".

          En partant de cette définition, E.Haugen (3) propose un tableau où il distingue entre la forme et la fonction de toute planification linguistique.

          Normalement, toute politique linguistique reste essentiellement du ressort de l'Etat, de l'Institution. Dans le domaine berbère, des embryons d'une planification de corpus sont mis en place depuis quelques années. S.Chaker (1984:35) souligne que ce mouvement  "Sur un plan technique,(...) se traduit par :

- Une tendance au passage à l'écrit et pose problèmes très complexe de l'adoption d'une notation "usuelle".

- Une volonté d'adaptation au besoin de la communication moderne qui soulève la question de l'enrichissement lexical (et même d'une certaine adaptation syntaxique).

       - Une volonté de standardisation, uniformisation, en particulier du code écrit."

    S.Chaker (1989:133) note que cette planification se fait en dehors de l'institution mais "[qu'] à travers les initiatives concrètes, le travail linguistique réalisé par ce que j'ai appelé ``la mouvance ou nébuleuse berbère'', se constitue petit à petit un espace culturel berbère transnational et autonome qui peut pallier la défaillance de l'Institution". 

    L'une des parties les plus problématiques de la planification interne est la standardisation du lexique. Cette dernière se fait, comme pour la plupart des langues du monde moderne, par diverses activités et choix : élévation d'un dialecte au rang de langue standard, standardisation autour d'un dialecte ayant les plus hautes proportions de mots apparentés avec d'autres dialectes (cas du toro-so pour la langue dogon)(4), recours à l'emprunt aux langues vivantes ; néologie... Mais toute standardisation passe par le choix d'une norme ou plutôt d'un type de normes parmi les cinq types de normes recensées jusque-là dans les travaux de sociolinguistique.

          Le choix d'une norme peut se faire aisément pour ce qui est des domaines phonologiques et morpho-syntaxique du fait qu'il consiste à la sélection d'une variété par des critères déterminés dans deux champs fermés. Le choix d'une norme dans le  lexique est plus ardu car contrairement aux deux premiers domaines linguistiques, le lexique est un champ ouvert, en perpétuelle évolution.

          Nous avons choisi de réfléchir sur les moyens théoriques et les modalités pratiques d'une réalisation d'un lexique standard pour le kabyle.

          Déjà, dans notre travail de recherche de DEA (5), nous nous somme penchés sur le lexique et vocabulaire enseignée. L'étude statistique a montré l'etendue et la variation du nombre d'éléments lexicaux. Une brève analyse lexicologique a montré la grande variété du lexique enseigné dans les manuels.

          Nous avons proposé alors l'élaboration d'un vocabulaire fondamental pour le kabyle. Cette dernière est une des tâches que nous pouvons considérer comme conséquence de la standardisation du dialecte kabyle.

      

Pourquoi une standardisation du kabyle ?

 

          La raison fondamentale qui a donc motivé cette recherche était justement la difficulté que posera l'enseignement du lexique du berbère (kabyle) que ce soit pour les berbérophones où encore pour les non-berbérophones si nous ne disposons par d'outil tel que le vocabulaire fondamental.

          Voilà près d'un siècle que les premières méthodes d'enseignement  du berbère de Kabylie ont été publiées. Celles-ci étaient l'œuvre  de linguistes français tels René Basset, ou celles d'enseignants normaliens autochtones tels Boulifa ou Bensedira. Pendant toute cette période, les études linguistiques se sont renouvelées et d'autres méthodes ont vu le jour, et ce jusqu'à la publication de la méthode audio-visuelle Tizi Wwuccen.

          L'analyse du manuel Lmed Tamazight publié en 1997 par le Ministère de l'Education nationale algérienne a démontré que le problème du choix du lexique à enseigner se pose toujours.

                   Or, dans le domaine de la didactique des langues (maternelles ou étrangères) de nombreuses perspectives se sont dessinées depuis une trentaine d'années surtout avec l'apport de sciences telles la linguistique, la psychologie, les statistiques. En vue de l’enseignement du berbère, il est nécessaire d’élaborer des méthodes qui tiennent compte des résultats théoriques de celle-ci.   

     Des résultats satisfaisants ayant été obtenus par l’application des données de cette discipline pour les langues européennes (officielles ou minoritaires). Il convient de voir dans quelle mesure nous pourrons exploiter ces instruments   pour l'enseignement du berbère. Parmi ceux-ci :  la sélection du vocabulaire destiné à l’enseignement.

 

          Cette voix était déjà expérimentée par l'équipe qui a élaboré le français fondamental, par exemple. Pour permettre un enseignement rapide et efficace du français et suite à la demande de l'Education Nationale, l'équipe dite du Credif (6) a été amenée à utiliser des méthodes statistiques pour trier et sélectionner un vocabulaire pouvant faire l'objet du premier apprentissage : le français fondamental. Ce dernier a, d’ailleurs, servi de modèle pour l’élaboration de vocabulaires fondamentaux pour les langues européennes.

     Déjà en 1968, la première conclusion et recommandation de la Coopération Culturelle du Conseil de l'Europe en matière de recherche est ainsi formulée :

" - Des recherches sont nécessaires dans le domaine du vocabulaire et des structures des langues européennes, sur le modèle de celles déjà entreprises pour le français... ».(7)

      Pourquoi ne pas doter le berbère d'un outil didactique ayant des bases objectives et ayant démontré son efficacité? Surtout lorsqu'on sait l'urgence  qui s'est fait ressentir depuis des années. Déjà, H.Hireche (1980:11) note que " le seul préalable [à l'enseignement], qui soit de l'ordre du réalisable est que la base du travail  soit un vocabulaire commun à tous les professeurs, quitte à ce que chacun ajoute ou supprime, en fonction des situations, quelques mots".

          Même si les problèmes de prise en charge matérielle de ces travaux peuvent se poser, ils restent du domaine du réalisable.  S.Chaker (1988 : 133) affirmait que : " le berbère fondamental peut être élaboré, cette action de standardisation convergente des dialectes peut être conduite en dehors d'une institution normalisatrice".

          Cette standardisation devrait donc être l'œuvre  des berbérisants. D'ailleurs S.Chaker (1999:159) affirmera "Dans les années à venir, les berbérisants seront de plus en plus amenés à se pencher sur le problème d'aménagement linguistique, notamment de standardisation de la langue, et à y apporter leurs solutions." Tout en insistant pour que la standardisation convergente commence, avant tout, par l'élaboration de standards dialectaux.

          Nous avons pensé contribuer à cette standardisation du berbère en travaillant sur le lexique pouvoir tirer le vocabulaire fondamental d'un dialecte : le  kabyle à partir du standard kabyle.

          Nous pensons pouvoir atteindre deux objectifs essentiels :

 

          1- Montrer comment on peut réaliser un standard dialectal et qui sera une première expérience dans le processus de normalisation convergente.

 

          2- Mettre à la disposition des praticiens, auteurs de manuels...un outil pratique pouvant servir à la confection de meilleurs outils pédagogiques aptes à rependre aux exigences de la didactique moderne où la sélection objective du lexique facilite l’apprentissage et augmente la vitesse d'acquisition du code linguistique.    

 

Comment standardiser le kabyle ?

 

          Pour réaliser ces objectifs, la démarche  suivante peut être adoptée.

          Dans un premier temps, il est nécessaire d'éclaircir certains concepts en usage en sociolinguistique en examinant le corpus théorique relatif à l'aménagement et à la standardisation linguistique.

          Puis il y a lieu d'examiner la problématique de l'élaboration de vocabulaires fondamentaux de façon général en tenant compte des données sociolinguistiques des langues pour lesquelles ces vocabulaires sont élaborés,  exemple : français et anglais (langues dominantes), catalan (langue minorée)...

          Dans un second temps, il faut examiner les différents facteurs qui militent pour en faveur de l'aménagement du berbère. Puis, il faut revenir sur les embryons d'aménagement entamés jusque-là.

          Après cela, il faut se pencher sur l'examen du contenu et des limites des thèses sur l'aménagement du berbère.

          Viendra ensuite la présentation des résultats de la statistique lexicale faite sur les textes sélectionnés ainsi qu'une analyse détaillée du vocabulaire  à haute fréquence en tenant compte des critères de pan-berbérité, d'extension géographique des formes dans le dialecte, de la clarté et de la régularité morpho-syntaxique.                                

          En dernier lieu, il s'agira de formuler l'utilisation concrète de ce vocabulaire fondamental du kabyle.

 

Notes :

1- R. Fasold, 1984, The Sociolinguistics of Society, Blackwell.

2- H. Kloss, 1969, Research Possibilities on Group Bilinguism : a Reporter, Québec.

3- pour le tableau d'Einar Haugen, voir J. Maurais (édit.), 1987, Politique et Aménagement linguistiques, p.9.

4- Voir G. Galtier, La standardisation de la langue dogon, in Bulletin d'Etudes Africaines n°19-20, pp. 197-220. Inalco, Paris.

5- Chemakh S.   Lexicologie berbère, Contibution au berbère fondamental (kabyle). Mémoire de DEA soutenu le 02/07/1996 à l'Inalco (sous la direction du Pr S Chaker) et publié en partie dans :

- Tifinagh n°11-12.(1998), Contribution au berbère fondamental. Rabat.

- Anadi n°3-4. (1999),  Enseignement de Tamazight. Données introductives. Tizi-Ouzou.

6- Cf. G. Gougenheim, R. Michéa, P. Rivenc, A. Sauvageot, L'Elaboration du français fondamental (1° degré), Didier, Paris, 1964.

7- Cf. Conseil de la Coopération Culturelle  du Conseil de l'Europe, Les langue vivantes et le monde moderne, Aidela, 1968.

 

Bibliographie :

C. Baylon, 1996, Sociolinguistique, (2° éd.), Paris, Nathan.

S. Chaker, 1984, Textes en linguistique berbère, Paris, CNRS.

S. Chaker, 1999, Berbères aujourd'hui, (2° éd.), Paris, l'Harmattan.

H. Hireche, Bilan de l'enseignement en berbère, Tisuraf n°6, [pp.2-13], Paris, Imedyazen, 1980.


04/12/2012
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Regression de l'amazighophonie (Kabylie- Aures) entre le xixème et xxème siècle

Carte montrant la regression de l'amazighophonie entre la Kabylie et l'Aures entre le XIXème et XXème siècle.

 

Fichier:Aires linguistiques du nord-est algérien.svg


04/12/2012
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Programme officiel "Sémiologie" 3èmé année LMD (2012/2013)

Sémiologie

 

  • Objectifs de l’enseignement
  •                 Maitriser les notions de base de la sémiologie

 

 

  • Connaissances préalables recommandées :
  • Maitriser les concepts de base de la linguistique.
  • Contenu de la matière : 
  • 1.   Définition de la sémiologie
  • 1.1. Etymologie du concept
  •                          Objet de la sémiologie

 

  •                         La notion de signe
  •                          Le signe linguistique
  •                         La notion d’arbitraire du signe
  •                         La notion de référent
  •                          Le signe non linguistique

 

  •                         La classification des signes
  •                          L’icône
  •                          Le symbole
  •                          L’indice

 

  •                         Linguistique et sémiologie
  •                          Le point de vue de Peirce
  •                          Le point de vue de Saussure
  •                          Dénotation et connotation
  •                          Le sujet et la subjectivité dans la langue

 

  •                         L’analyse sémiologique
  •                          La notion de système
  •                          La notion de système sémiologique
  •                          Les caractéristiques d’un système sémiologique
  •                         Le mode opératoire
  •                         Le domaine de validité
  •                         La nature et le nombre de signes
  •                         Le type de fonctionnement
  •                         Relations entre systèmes sémiologiques
  •                          L’engendrement
  •                          L’homologie
  •                          L’interprétance

 

  • Mode d’évaluation : contenu et examen

 

  • Références (Livres et polycopiés, sites internet, etc.

04/12/2012
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